Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/79

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 73 —

les seconds prétendaient qu’on se renfermât, quand même, dans la constitution.

Ajoutons que les idées monarchiques, reproduites chaque jour avec une publicité insultante, aidaient singulièrement à la marche de l’opinion dictatoriale. Le principe d’autorité admis par les royalistes comme nécessaire, par la démocratie comme transitoire, la pensée en ce moment était une : on ne différait que sur les mots. Des deux côtés, le pouvoir personnel, l’autorité d’un seul, apparaissait comme organe logique et moyen indispensable de solution. Aussi bien, sur la fin de 1831, n’était-il plus question de réformes, de créations, d’améliorations quelconques. Il s’agissait, avant tout, de se battre. Tous les partis armaient, fabriquaient de la poudre, captaient la faveur des militaires. Pour les uns le dictateur futur était Changarnier, pour les autres Ledru-Rollin ou n’importe qui. La situation, que tout le monde avait faite, mais avec laquelle personne ne comptait, voulut que ce fut Bonaparte.

Le 2 décembre au malin, une proclamation affichée dans la nuit apprend aux Parisiens à peine éveillés, « que l’Assemblée nationale est dissoute, le suffrage universel rétabli, le peuple convoque dans ses comices à l’effet de déclarer, par oui ou par non, s’il adhère au coup d’Etat, et s’il autorise Louis-Napoléon à faire une Constitution sur les bases de celle de l’an 8, et d’après les principes de 89. » Le tout, appuyé d’un nombre de canons et d’une force armée respectable. Telle est en substance la proclamation. Le surplus, on peut le considérer comme verbiage, eau bénite de cour, phrases de circonstance, par-