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« La royauté existe toujours en France ; il n’y manque que le roi. » Aussi la royauté ne se fit pas attendre : après quelques années d’agitation le pouvoir tomba, aux acclamations de la foule, aux mains de Napoléon...

En 1848, la centralisation créée par la république, l'empire et la monarchie constitutionnelle tendait à se dissoudre , quand tout a coup la démocratie se trouva de nouveau maîtresse des choses. Alors, comme si l’analogie des situations devait ramener perpétuellement les mêmes antinomies, l’influence rendue au peuple eut de nouveau pour résultat, non pas de remplir le vœu des classes moyennes, en poussant a la décentralisation, mais de réveiller la pensée d’une dictature. Les journées des 17 mars, 16 avril, 15 mai, n’eurent pas d’autre but ; enfin, aux journées de juin, la dictature fut instituée en la personne du général Cavaignac, l’homme qui l’ambitionnait le moins, contre ceux qui la voulaient le plus. L’exemple, couvert du prétexte de salut public, ne fut pas perdu : en 1849, nouvel essai de dictature, et toujours contre la démocratie, qui dès ce moment, préparant sa revanche pour 1852, ne caressa plus d’autre idée.

A la date du 2 décembre, les masses fatiguées aussi incapables de délibération que d’initiative ; la bourgeoisie inquiète, aimant à se reposer sur un chef complaisant delà garde de ses intérêts ; tous les partis étaient préparés pour cette grandi mesure, dont on espérait des résultats décisifs. Du côté des républicains, ce qui distinguait les hommes d'action des endormeurs, c’est que les premiers voulaient procéder par une dictature énergique, tandis que