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on trouve, en y regardant de près, que ces démocraties résultaient bien plus de la difficulté de poser le prince, que d’une intelligence véritable de la liberté.

A Athènes et dans toute la Grèce, les annales de la démocratie ne présentent guère qu’Une série d’usurpations, qui, ne parvenant jamais à se légitimer, à fonder des royautés, basiléïas, comme en Orient, étaient appelées tyrannies, dominations.

A Rome, lorsque l’institution antique des patronages et des clientèles eut été anéantie, et que la plèbe, sous la conduite des tribuns, eut triomphé du patriciat, personne n’eut garde de comprendre que ce qui restait à faire, pour assurer la liberté, c’était, après une loi agraire et une autre sur l’usure, une institution de garantie contre le cumul et la centralisation des pouvoirs. Une telle idée était prématurée pour l’époque ; l’humanité était réservée pour d’autres destins. Jules-César, héritier des Gracques, fut donc créé dictateur perpétuel ; et la même dignité continuée, sous le nom de Principal, à Octave et à ses successeurs, la constitution de la république fut remplacée par la constitution impériale. Le peuple eut du pain et des jeux ; mais ce fut fait de la liberté...

Dix-huit siècles se sont écoulés depuis celle révolution, lorsque le peuple français, ayant aboli ses institutions féodales, se trouve dans la même situation que celui de Rome. Que font alors les chefs populaires ? Toujours pleins du même préjugé, ils font décréter, sous le nom de République une et indivisible, un gouvernement plus savamment concentré que l’ancien, et qui taisait dire aux émigrés :