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qu’il était d’accord avec les révolutionnaires ; — le second, de placer la majorité dans la triste alternative, ou d’être entièrement subalternisée, déconsidérée, si elle suivait le Président, ou de donner elle-même le signal de la guerre civile, si elle persistait. À lui le beau rôle, à elle le personnage odieux. Ce dernier parti était le pire, puisque la majorité se prononçant pour le maintien de la loi, sacrifiant à une question de dignité toutes les chances de sa cause, et le Président refusant de prêter main-forte à ses décrets, dans ce conflit entre la monarchie et la démocratie Louis Bonaparte apparaissait à la fois, au peuple comme le défenseur de son droit, à la bourgeoisie comme le protecteur de ses intérêts.

Ce fut pourtant ce parti que choisit la majorité. L’histoire flétrira ces intelligences décrépites, ces consciences impures, qui préférèrent à une réconciliation avec la gauche le risque des libertés, et qui, dans une situation aussi nette, pouvant d’un mot annuler la fortune de Bonaparte, travaillèrent de tout leur pouvoir, de toutes leurs roueries, au triomphe de l’homme qu’elles haïssaient.

Du 4 au 30 novembre 1851, l’action marche avec une prestesse militaire. L’Élysée propose, dans son message, le rappel de la loi du 31 mai : la Montagne appuie. L’Élysée s’abstient de voter sur la loi municipale : la Montagne l’imite. L’Élysée, s’emparant du système d’abstention, recommande aux électeurs de ne se pas présenter aux comices de Paris : la démocratie, engagée par ses précédents, s’abstient également. L’Élysée, enfin, repousse la proposition des questeurs : la Montagne vote comme