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sistait à se tenir, la démocratie ne pouvait opérer rien de bon. Quant aux masses, si pauvre que fût leur intelligence, si faible que je connusse leur vertu, je les craignais moins en pleine anarchie qu’au scrutin. Chez le peuple, comme chez les enfants, les crimes et délits tiennent plus à la mobilité des impressions qu’à la perversité de l’âme ; et je trouvais plus aisé, à une élite républicaine, d’achever l’éducation du peuple dans un chaos politique, que de lui faire exercer sa souveraineté, avec quelque chance de succès, par voie électorale.

De nouveaux faits ont rendu inutile cette tactique désespérée, pour laquelle j’ai bravé longtemps l’animadversion publique ; et je me rallie sans réserve aux hommes honnêtes de tous les partis, qui, comprenant que démocratie c’est démopédie, éducation du peuple ; acceptant cette éducation comme leur tâche, et plaçant au-dessus de tout la Liberté, désirent sincèrement, avec la gloire de leur pays, le bien-être des travailleurs, l’indépendance des nations, et le progrès de l’esprit humain.