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naux un commencement de réalisation, et détermina la révolte de juin.

Pour moi, je n’ai point hésité à le dire : l’organisation des travailleurs, conçue dans le sens et comme perfectionnement des institutions de saint Louis, est incompatible avec la liberté du travail et de l’échange. Sur ce point, comme dans la question du culte et de l’état, la négation est perpétuelle ; le progrès, ce n’est pas la constitution du groupe, qui reste éternellement spontanée et libre, c’est l’exaltation de l’individu.

Que de fois n’ai-je pas entendu exprimer ce vœu dans les réunions populaires : Ah ! si les chefs d’école pouvaient s’entendre ! S’ils pouvaient, une fois, convenir entre eux d’un plan, d’un programme, le plus simple possible ; d’un certain nombre d’articles organiques, qui deviendraient le Credo des travailleurs !… Plus de divisions, alors, plus de rivalités : la démocratie serait unie, et la Révolution sauvée !

Elle eût été perdue la Révolution, si les socialistes s’étaient entendus.

Il n’y a pas dans l’ordre économique de système agricole-mercantile-industriel, il n’y en aura jamais ; pas plus qu’il n’y a, pour la libre pensée, de système philosophique ; pour la conscience, de théologie ; pour la liberté, de gouvernement. C’est temps perdu, ignorance, folie, que de le chercher ; c’est de la contre-révolution. La perfection économique est dans l’indépendance absolue des travailleurs, de même que la perfection politique est dans l’indépendance absolue du citoyen. Cette haute perfection ne pouvant être réalisée dans son