Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 51 —

losophie. Sans doute encore il répugnait à la conscience religieuse, émue aux accents de Luther, l’homme le plus religieux de son siècle, de s’avouer anti-chrétienne et athée, et c’est pour cela qu’après Luther, et jusque sous la république de février, il y a eu tant d’effervescence religieuse. Sans doute, enfin, l’esprit gouvernemental, dans la pensée même de ceux qui criaient le plus haut contre le despotisme, ne pouvait d’emblée accepter sa démission ; et c’est pour cela que depuis 89 nous en sommes à notre huitième constitution. L’humanité ne déduit pas avec tant de promptitude ses idées, et ne fait point de si grands sauts : il ne m’en coûte rien de le reconnaître.

Mais ce qui est certain aussi, c’est que ce mouvement philosophique, politique, religieux, qui s’accomplit depuis quatre siècles, en sens évidemment inverse, est un symptôme, non de création, mais de dissolution. La philosophie, en s’appuyant de plus en plus sur les sciences positives, perd son caractère d’à priori, et ne conserve d’originalité qu’en faisant sa propre critique ; la philosophie, au dix-neuvième siècle, c’est l’Histoire de la philosophie. D’autre part la religion, se dépouillant de son dogmatisme, se confond avec l’esthétique et la morale : si de nos jours l’étude des idées religieuses a acquis un si puissant intérêt, c’est seulement comme histoire naturelle de la formation et des premiers développements de l’esprit humain, et nous ne saurions blâmer trop fortement les auteurs de l’Encyclopédie nouvelle de leur tendance à une reconstitution des idées religieuses. La religion, pour nous, c’est l’archéologie de la raison. Quant