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l’Église dans l’état, quelle conséquence dûrent tirer de cette nouveauté les publicistes qui se chargèrent de la répandre ?

Qu’aux formes du gouvernement monarchique il fallait substituer les formes d’un autre gouvernement, qu’on supposait en tout l’opposé du premier, et qu’on appelait, par anticipation, gouvernement républicain ?

Telle fut, en effet, l’idée de Rousseau, de la Convention, et de tous ceux qui, après la mort de Louis XVI, par conviction ou par nécessité, s’attachèrent à la République. Après avoir démoli, il fallait édifier, pensait-on. Quelle société pourrait subsister sans gouvernement ? Et si le gouvernement est indispensable, comment se passer de constitution ?

Eh bien ! ici encore l’histoire prouve, et la logique est d’accord avec l’histoire, que ces réformateurs politiques se trompaient. Il n’y a pas deux sortes de gouvernements, il n’y en a qu’une : c’est le gouvernement monarchique héréditaire, plus ou moins hiérarchisé, concentré, équilibré, suivant la loi de propriété d’une part, et de la division du travail de l’autre. Ce qu’on appelle ici aristocratie, là démocratie ou république, n’est qu’une monarchie sans monarque ; de même que l’église d’Augsbourg, l’église de Genève, l’église anglicane, etc., sont des papautés sans papes, de même que la philosophie de M. Cousin est un absolutisme sans absolu. Or, la forme du gouvernement royal une fois entamée par le contrôle démocratique, que la dynastie soit conservée comme en Angleterre ou supprimée comme aux États-Unis, peu importe, il est néces-