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en les rapports ; appliquons-y nos facultés ; travaillons sans cesse à en perfectionner l’instrument, qui est notre esprit : voilà tout ce que nous avons à faire, philosophes, après Bacon et Kant. Mais des systèmes ! la recherche de l’absolu ! Ce serait folie pure, sinon charlatanerie, et le recommencement de l’ignorance.

Passons à un autre objet.

Lorsque Luther eut nié l’autorité de l’Église romaine et avec elle la constitution catholique, et posé ce principe, en matière de foi, que tout chrétien a le droit de lire la Bible et de l’interpréter, suivant la lumière que Dieu a mise en lui ; lorsqu’il eut ainsi sécularisé la théologie, quelle fut la conclusion à tirer de cette éclatante revendication ?

Que l’Église romaine, jusqu’alors la maîtresse et l’institutrice des chrétiens, ayant erré dans la doctrine, il fallait assembler un concile de vrais fidèles qui rechercheraient la tradition évangélique, rétabliraient la pureté et l’intégrité du dogme, premier besoin de l’église réformée, et constitueraient pour l’enseigner, une nouvelle chaire ?

Ce fut en effet l’opinion de Luther lui-même, de Mélanchthon, de Calvin, de Bèze, de tous les hommes de foi et de science qui embrassèrent la Réforme. La suite a montré quelle était leur illusion. La souveraineté du peuple, sous le nom de libre examen, introduite dans la foi comme elle l’avait été dans la philosophie, il ne pouvait pas plus y avoir de confession religieuse que de système philosophique. C’était en vain qu’on essayerait, par les déclarations les plus unanimes et les plus solennelles, de donner un corps aux idées protes-