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dès-lors prévoir qu’elle y serait enterrée. Là, il fut sous-entendu que le peuple étant mineur, on ne pouvait l’abandonner à ses propres conseils ; le gouvernementalisme fut maintenu avec un surcroît d’énergie ; on en fut quitte pour donner à la constitution nouvelle la qualification de démocratique, ce qui, à en juger d’après la rédaction publiée le 4 novembre 1848, était peut-être moins vrai que de la Charte de 1830…

Je ne m’étendrai pas sur la question économique, la plus grave de toutes. Posée dans ses véritables termes, elle ne me semble pas plus que les deux précédentes susceptible de contradiction.

La nation se divisant, ainsi qu’il a été dit, en trois catégories naturelles, dont l’une a pour formule : Opulence et consommation improductive ; l’autre, Industrie et Commerce libre, mais sans garanties ; la troisième, Sujétion absolue et misère progressive : le problème pour la Révolution était de résoudre la première et la troisième classe dans la seconde, les extrêmes dans le moyen ; et par-là de faire que tous, sans exception, eussent en proportion égale, le capital, le travail, le débouché, la liberté, et l’aisance. En cela consiste la grande opération du siècle, et l’objet, encore si peu compris, du socialisme. L’histoire et l’analogie des principes montrent que cette solution est la vraie.

Ce que le socialisme a nommé exploitation de l’homme par l’homme, à savoir, la rente du propriétaire, l’intérêt du capitaliste, la dîme du prêtre, le tribut de l’État, l’agio de l’entrepreneur et du négociant, toutes ces formes de prélibation de l’autorité sur le travail, ramenées à leurs origines,