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quences accourent : c’est que désormais la politique et l’économie se confondent ; que pour qu’il y ait rapport d’intérêts, il faut que les intérêts eux-mêmes soient présents, répondants, stipulants, s’obligeants, et agissants ; qu’ainsi la raison sociale et son vivant emblème sont une seule et même chose ; en dernière analyse, que tout le monde étant gouvernement, il n’y a plus de gouvernement. La négation du gouvernement surgit ainsi de sa définition : Qui dit gouvernement représentatif, dit rapport des intérêts ; qui dit rapport des intérêts, dit absence de gouvernement.

Et, en effet, l’histoire des soixante dernières années prouve qu’avec le gouvernement représentatif, pas plus qu’avec le despotique, les intérêts ne sont ni libres, ni en rapport ; que pour qu'ils se maintiennent dans les conditions de leur déclaration, qui sont celles de leur existence, il faut qu'ils traitent directement entre eux, suivant la loi de leur solidarité, et sans intermédiaire. Hors de là, la propriété redevient fief, le travail servitude, le commerce péage, les corporations se reforment, la philosophie est à la discrétion de l’Eglise, la science, entre les mains des Cuvier et des Flourens, ne dit que ce qu’il plaît à la théologie et au pape : il n’y a plus ni libellés ni intérêts !

Les intérêts, dans leur Déclaration fameuse, avaient dit que la conscience serait libre. — Le représentant des intérêts déclare, en 1814, que la religion catholique est la religion de l’état ; en 1830, qu’elle, est la religion de la majorité, ce qui, pour la pratique et pour les finances, revient exactement au même. En effet, en 1852, les catholiques, sous