Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/276

Cette page n’a pas encore été corrigée

lecteur plongé dans la métaphysique, faisons de l’histoire.

Supposons que, dans l’ordre des connaissances politiques, il arrive, comme en tout autre ordre de connaissance, que les idées abstraites prenant peu à peu la place des idées concrètes, le gouvernement, au lieu d’être considéré comme la représentation ou personnification du rapport social, ce qui n’est qu’une conception matérialiste et idolâtrique, soit conçu comme étant ce rapport lui-même, chose moins poétique peut-être, moins favorable à l’imagination, mais plus conforme aux habitudes de la logique : le gouvernement, ne se distinguant plus des intérêts et des libertés, en tant que les uns et les autres se mettent en relation, cesse d’exister.

Car un rapport, une loi, peut s’écrire, comme on écrit une formule d’algèbre , mais ne se représente pas, dans le sens gouvernemental et scénique du mot, ne s’incarne pas, ne peut pas devenir toute une armée d’histrions, ayant pour mandat de jouer devant le peuple le Rapport des intérêts ! Un rapport est une idée pure, qui se consigne, en quelques chiffres, caractères, signes, ou vocables, dans un livre, dans un traité, dans un contrat, mais qui n’a de réalité que celle des objets mêmes qui sont en rapport.

Eh bien ! le résultat le plus positif, le seul positif, de tous les gouvernements qui depuis 89 ont passé sur la France, a été de mettre en lumière cette vérité simple comme une définition, évidente comme un axiome : Le Gouvernement est le Rapport des libertés et des intérêts.

Et cette première proposition donnée, les consé-