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j’en ai fait ressortir l’inspiration, moitié réelle, moitié personnelle, et la constante incertitude. Et nous avons pu constater que jusqu’à ce moment le nouveau pouvoir, arrêté par le néant de l’opinion publique, abandonné à ses seules inspirations, plutôt dirigé, au sein de la contradiction universelle, par la prudence de l’homme que par la raison des choses, au lieu de quitter le double visage qui lui a donné la victoire, tendait plutôt, en vertu de l’idée qu’il se fait de la délégation, et d’après ses traditions domestiques, à continuer son jeu de bascule, et à transformer, probablement sans s’en rendre compte, en une féodalité de fantaisie les institutions actuelles.

J’ai montré alors, par l’exemple de l’Empereur, la vanité de toute conception politique en dehors de la synthèse sociale, de la raison de l’histoire, des indications de l’économie, et de la donnée révolutionnaire. Et l’analogie des époques m’y autorisant, j’ai rappelé Louis Bonaparte à sa véritable mission, définie par lui-même, à l’époque de son premier avènement, la fin des partis : définition qui se traduit en cette autre, la fin de la politique machiavélique ou personnelle, c’est-à-dire, la fin de l’autorité elle-même.

La négation de l’autorité, et par suite la disparition de tout organisme gouvernemental pouvait paraître encore, en 1849, une idée obscure[1] ; après le 2 décembre, il n’y reste plus le moindre nuage. Le 2 décembre a fait ressortir la contradiction du gouvernementalisme et de l’économie, de

  1. Voir Confession d’un révolutionnaire, § XVI, 3e édition.