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Charles, Antoine, Lucien Bonaparte et Murat, pensent-ils être du limon dont se pétrissent les souverains par la grâce de Dieu, les princes légitimes, les rois absolus, et les valets ?...

Oui, citoyens ou messieurs, vous portez le plus grand des noms modernes ; vous appartenez par la chair et le sang à celui de tous les hommes qui sut le mieux fanatiser les masses, et les courber sous le joug. Souvenez-vous cependant qu’il ne parvint, quelques années, à les contenir, que parce qu’il représentait à leurs yeux la Révolution armée ; et que pour n’avoir pas su, au jour marqué par les circonstances, être grand par la paix et la liberté, comme il l’avait été par le commandement et par la guerre, pour avoir mis son libre arbitre à la place de la destinée que lui montrait son étoile, il périt, chose pitoyable, sous sa propre déraison, laissant aux Homères de l’avenir, si l’avenir produit encore des Homères, le plus riche et le plus gigantesque canevas, et presque rien à l’histoire !...

On ne trompe pas la Révolution, fût-on l’Empereur, vivant et victorieux ; alors qu’elle est muette, que tout le monde l’ignore, que personne ne prend la parole pour elle, que tous les préjugés qu’elle combat sont en honneur et ne rencontrent aucune contradiction, tandis que les intérêts qu’elle sert s’oublient eux-mêmes ou se vendent.

Et l’on s’imaginerait que pour vaincre la révolution il suffira de cette cendre impériale rapportée de l’exil, aujourd’hui que le peuple ne croit plus aux revenants, aujourd’hui que la révolution parle à toute heure, que les hommes jurent en son nom, que les jeunes filles la chantent, que les pe-