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rogative, en appelle aux armes ; que, servant la contre-révolution d’une main, et jurant de l’autre par la révolution, il engage le pays dans une guerre avec la Sainte-Alliance, pour la frontière du Rhin, il est le maître. Mais qu’il sache aussi que dans une revendication ainsi posée l’opinion ne le suivrait pas : elle ne verrait dans sa politique qu’une fantaisie conquérante, un point d’honneur national ou domestique, sans caractère moral, et par son abandon elle paralyserait ses efforts. Tant il est vrai qu’il y a dans les traités de 1815 quelque chose de légal, qui ne peut être délié que par une légalité supérieure.

La révolution au 19e siècle est cette légalité. Rappelons-nous ce qui a été dit plus haut que Louis-Napoléon, de même que l’Empereur, ayant pour adversaire principal la féodalité capitaliste représentée au dehors par l’Angleterre, la vraie manière de combattre l’Angleterre, ce n’est pas de l’attaquer en Égypte, dans l’Australie ou l’Inde, pas plus que d’enjamber la Manche : c’est de frapper l’ennemi, chez nous d’abord, dans les rapports du travail et du capital.

Dès avant la révolution de 89, l’Angleterre avait commencé la conquête du globe : comment ? par la force des armes ? non, elle laisse ce système aux Français ; — par l’accumulation de ses capitaux, la puissance de son industrie, l’extension de son commerce. Le succès ne lui a point failli : pas de pays aujourd’hui où elle ne récolte. Nous-mêmes nous payons tribut à ses ouvriers, à ses ingénieurs, à ses capitalistes ; et déjà, par les acquisitions de propriétés que font chez nous les sujets anglais, la