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autres puissances : elle a été refoulée en deçà du Rhin, dégarnie, ouverte. Tel était le droit de la guerre et le bénéfice de la victoire pour les alliés. Nous avons voulu nous étendre, nous sommes vaincus, nous devons paver et de plus fournir des sûretés ! Rien ne saurait infirmer ces traités, rien, dis-je, si ce n’est le consentement des parties, ou la guerre, mais la guerre appuyée sur un nouveau principe.

Je reproduis donc ma question : Ce principe, où est-il pour le 2 décembre ?

Louis-Napoléon n’a fait jusqu’ici que servir la Sainte-Alliance en frappant la démocratie et la révolution ; bien loin qu’il puisse protester contre les traités de 1815, de fait il y adhère. Il serait puéril qu’il attendît de ses alliés, à titre de récompense, la frontière du Rhin. La seule récompense que Louis-Napoléon puisse obtenir de la Sainte-Alliance, c’est qu’elle le tolère, le soutienne, le protège, comme gardien et dompteur de la révolution, jusqu’à ce que les circonstances, devenues par lui favorables, permettent aux alliés de nous rendre une troisième fois nos princes légitimes. Elle serait illogique, certes, la Sainte-Alliance, en contradiction avec elle-même, elle mentirait à son but et à ses principes, si, en faisant la guerre à la révolution, elle reconnaissait en Louis-Napoléon Bonaparte un dynaste d’origine essentiellement révolutionnaire, à plus forte raison si elle lui concédait, pour joyeux avènement, un territoire de cinq à six millions d’habitants, avec la ligne stratégique la plus formidable du monde.

Maintenant que Louis-Napoléon, usant de sa pré-