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Mais comment se propose-t-il d’opérer cette amélioration ? Il ne peut pas sur la France moderne régner en calife ; s’emparer au nom de l’intérêt public de la production et du commerce ; mettre 27,000 lieues carrées de pays, 27 millions de propriétés, fabriques, métiers, en régie ; convertir 36 millions de producteurs de tout âge et de tout sexe, plus ou moins libres, et qui aspirent chaque jour à le devenir davantage, en salariés. On n’avale pas plus gros que soi, et si le 2 décembre pense engloutir la nation, c’est lui qui crèvera.

Supposons que le 2 décembre, poursuivant la solution du problème économique, essaye de reconstituer la nation suivant le système que nous avons signalé comme étant la conséquence du décret sur les biens de la famille d’Orléans. Hors de la liberté progressive, indiquée par l’histoire, et de la communauté des égaux, adoptée au fond par tous les utopistes, il n’y a pas d’autre système. Il faut au préalable que le 2 décembre intéresse à ses vues une partie du pays ; qu’avec celle-là, il conquière le reste ; et comme il entend se réserver l'initiative, qu’il ne saurait consentir aucun démembrement de son autorité, qu’il ne peut offrir à ses auxiliaires et adhérents que des récompenses pécuniaires, des concessions de terres, mines, etc., ou des privilèges commerciaux et industriels ; il faut que cette association pour l’organisation du travail et 'extirpation de la misère, d’après le principe de la hiérarchie militaire et gouvernementale, offre aux associés, en facultés économiques, une indemnité suffisante du renoncement à leurs droits politiques.