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la besogne de son oncle, avec sa seule constitution renouvelée de l’an VIII, s’en crée mille : tant, depuis la chute de l’Empereur, les éléments réfractaires à l’autorité ont pris de développement !...

Le 2 décembre a donné au clergé un brevet d’enseignement à peu près exclusif. Mais ce brevet, tout à fait gratuit, ne contient pas plus de garantie du gouvernement que les milliers de brevets et diplômes qu’il délivre chaque année, contre écus, aux étudiants et industriels. Il ne fera pas, ce brevet, même quand il joindrait à l’autorité de l’état celle de la sainte écriture, que le travail, considéré par la théologie comme l’expiation d’un vice originel, In sudore vultûs tui vesceris pane tuo, redevienne un état servile ; que celui qui par le travail se rachète de la misère, de l’ignorance et de l’esclavage, ne conçoive pas la pensée de se racheter aussi, par le même moyen, du péché et de la coulpe ; que l’esprit religieux, entretenu par les prêtres, ne se trouve ainsi balancé par le génie industriel ; que pauvreté soit de nouveau réputée vertu, et que le progrès du bien-être et du luxe n’ait pas pour corrélatif le développement de la raison, l’affranchissement de la conscience, le règne absolu de la liberté, à la place de l’humilité, du détachement et de la passivité chrétienne.

Le 2 décembre, par philanthropie, autant que par intérêt, se préoccupe de l’amélioration du sort des classes pauvres. Les circulaires de ses ministres le répètent ; les caresses du Président en témoignent ; plusieurs de ses actes le font entendre ; les confidences de ses amis et l’hostilité croissante des partis rendent la chose tout à fait probable.