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bien n’avions-nous qu’à améliorer ? Dans le premier cas, pourquoi cette abstention du Gouvernement provisoire ? dans le second, pourquoi avoir chassé Louis-Philippe, et que signifiait la République ? Ou les chefs de la Démocratie trahissaient, en gardant le statu quo, leur mandat ; ou bien ils avaient agi sans mandat, et il ne fallait voir en eux que des usurpateurs : impossible, ce semble, d’échapper à ce dilemme.

C’est ici que commence le martyre des fondateurs de la République : car, comment supposer qu’ils aient ignoré le but de leur entreprise ? Mais ils n’ont pas osé, ils ne pouvaient pas oser !… De là, l’appel au peuple, et ses tristes résultats.


Il existait en France, au 24 février :

1. Un clergé organisé, comprenant environ 50,000 prêtres et autant d’individus des deux sexes répartis dans les maisons religieuses ; disposant de 300 millions de propriétés, sans compter les églises, biens curiaux, le casuel, le produit des dispenses, indulgences, collectes, etc. ; organe, présumé indispensable, de la morale publique et privée, exerçant à ce titre sur tout le pays une influence occulte, d’autant plus redoutable par cette raison, et en bien des cas irrésistible.

2o Une armée de 400,000 hommes, disciplinée, dépaysée, sans relations avec les gardes nationales, qu’on lui apprenait à mépriser, et à la dévotion entière du pouvoir, seul jugé capable de garder le pays et de le défendre.

3o Une centralisation administrative, maîtresse de la police, de l’instruction publique, des travaux