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tions pour toutes les circonstances ; et contre laquelle tout ce qui se fait, d’où qu’il vienne, est nul de soi, et peut être réputé tyrannie ! Le pouvoir qui enseignera aux citoyens cette constitution, et la chose commence à devenir possible, aura plus fait pour l'humanité que tous les empereurs et les papes : après lui les révolutions de l’espèce seront comme celles de la planète, rien ne les troublera, et personne ne les sentira plus.

Le 2 décembre, dans le premier feu du coup d’état, réparant la longue incurie de nos assemblées, a pu décréter coup sur coup des concessions de chemins de fer, des adjudications de travaux, des prorogations de privilège, des réductions d’escompte, des saisies d’immeubles, des conversions de rentes, des continuations d'impôts, etc., etc ; faire une foule de choses qui, si la société était instruite de sa vraie constitution, auraient été depuis longtemps faites, et mieux faites, ou ne se seraient jamais faites. Le vulgaire, qui rapporte tout à la volonté du chef, à peu près comme le père Malebranche voyait tout en Dieu, a admiré cette fécondité décrétale, et parasites d’applaudir à ce pouvoir fort et agissant ! Mais bientôt la fièvre des réformes s’est calmée : plus d’une fois le 2 décembre a dû rétracter des résolutions sous presse, retirer des projets dont était saisi déjà le conseil d’état, et l'on peut prévoir que s’il n’apprend à lire mieux dans le livre de la politique éternelle, il paraîtra bientôt aussi impuissant, aussi incapable, aussi téméraire, aussi fou que ses devanciers, sans en excepter l’Empereur lui-même.

Quoiqu’il en soit, et des décrets rendus jusqu’ici