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sant à vos compétiteurs, pendant que vous vous tailleriez dans son écharpe un manteau d’empereur ou de roi. Ni vous, ni aucun de ceux qui aspirent à vous remplacer, vous ne pouvez concevoir une idée valable, mener à fin la moindre entreprise, hors des données de la révolution. La révolution a tout prévu, tout conçu ; elle-même a dressé le devis. Cherchez, et quand d’un esprit droit et d’un cœur docile vous aurez trouvé, ne vous mêlez plus, en commun avec le pays, que de l'exécution.

Et quelle serait donc la haute pensée, l’idéal politique et économique, que le dépositaire de la souveraineté nationale se créerait à lui-même, le produisant de son génie, et ne le recevant, ni par transmission historique des partis qui l’ont précédé aux affaires, ni par voie analytique de l’étude des faits sociaux et de leur généralisation ? Que pourrait-il penser de lui-même, comme homme, qu’il ne dût recevoir de l’opinion comme chef d’état ; contre quoi par conséquent tous les citoyens n’eussent le droit de protester, s’il lui plaisait d’imposer, en vertu de son titre, son idée nouvelle ?

« Parmi tant de religions qui se contredisent, disait Rousseau, une seule est la bonne, si tant est qu’une le soit. » De même, parmi tant de politiques que la fantaisie des partis et la présomption des hommes d’état enfantent, une seule peut être vraie, c'est celle qui, par sa conformité constante, harmonique, avec la nature des choses, acquiert un tel caractère d’impersonnalité et de réalité, que chacun de ses actes semble un décret de la nature même, et qu’à l’Académie, à l’atelier