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forme économique, radicale, peut seule nous tirer de ce cercle : on la repousse. Ce sont les conservateurs qui retiennent la société à l’état révolutionnaire.

La France, pays de logique, semble s’être donné pour mission de réaliser, de point en point, cette théorie à priori de la misère, de l’oppression et de la guerre civile.

Il existe en France, et tant que la révolution ne sera pas faite dans l’économie, il existera : 1. une bourgeoisie qui prétend maintenir, à perpétuité, les rapports antiques du travail et du capital, bien que le travail n’étant plus repoussé comme une servitude mais réclamé comme un droit, et la circulation des produits pouvant s’opérer presque sans escompte, le privilège capitaliste n’ait plus de raison d’existence ; 2. une classe moyenne, au sein de laquelle vit et s’agite l’esprit de liberté, qui possède la raison de l’avenir, et qui, refoulée de haut et de bas, par l’insolence capitaliste et l’envie prolétarienne, n’en forme pas moins le cœur et le cerveau de la nation ; 3. un prolétariat, plein de sa force, que la prédication socialiste a enivré, et qui, à bon droit, sur l’article du travail et du bien-être, se montre intraitable.

Chacune de ces classes se disputant le pouvoir, la première, pour refouler une révolution qui menace ses intérêts ; la seconde, pour la modérer ; la troisième, pour la lancer à fond de train, la division par classes se change en une division par partis, entre lesquels on distingue : 1. le parti de la légitimité, représentant de la loi salique et des traditions féodales, seules capables, selon lui, d’arrêter