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pereur devait les combattre. On a vu, dans la chronologie que nous avons dressée du consulat et de l’empire, comment Bonaparte, au lieu d’organiser contre l’ennemi les forces économiques de la nation, puis d’entraîner dans le même mouvement, sous la pression des libertés françaises, le continent de l’Europe, s’enchevêtra et périt dans sa politique de sabre, dans le dédale d’une police ressuscitée de la Terreur, enfin, dans la nécessité de conquêtes sans fin et l’absurdité de son système continental.

Louis-Napoléon a aussi pour adversaires, d’un côté, l’ancienne féodalité, représentée par la Sainte-Alliance, le parti légitimiste et ultramontain ; de l’autre, l’aristocratie capitaliste, représentée par la haute bourgeoisie et par l’Angleterre. Comme en 1805, ces aristocraties s’entendent, se concertent, se fusionnent. Pour les vaincre, il faut, sans négliger la force militaire, une combinaison de moyens empruntés à la pratique des intérêts, à la science économique ; il faut, surtout, embrasser fortement, franchement, l’idée révolutionnaire. Déjà cependant, funeste analogie ! déjà, par les fausses mesures du 2 décembre et les déclamations de ses journaux, la révolution est abandonnée ; les aristocraties hostiles se présentent sous le couvert des intérêts généraux et des libertés publiques ; encore un peu, et comme en 1809 et 1813, les peuples eux-mêmes, à la voix de leurs nobles, de leurs prêtres, de leurs exploiteurs et de leurs despotes, jetteront l’anathème, courront sus à Louis-Napoléon.

Je pourrais, prophète de malheur, pénétrant plus à fond dans le mystère de l’avenir, marquer les