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mier un héros, le second une mazette, disait Paul-Louis. Et puis une victoire peut s’acheter, comme toute chose... il ne s’agit que d’y mettre le prix. Triomphes et lauriers à part, abandonnant le terrain de la guerre et de ses hasards pour nous placer sur celui de la politique, je dis, sans flatterie comme sans ironie, que l’oncle et le neveu se valent, bien plus, que leurs destinées se suivent et s’apparient, comme en une métempsycose. A Strasbourg et à Boulogne, Louis-Napoléon échoue, comme Bonaparte en Egypte et à Saint-Domingue. Il réussit le 10 décembre, avec les mêmes éléments, lorsqu’au lieu de surprendre, dans une conspiration in-promptu, les sympathies nationales, il se présente dans des conditions régulières aux suffrages du peuple. Il est heureux encore le 2 décembre, malgré la violation du pacte, comme son oncle l’avait été le 18 brumaire : je crois avoir suffisamment expliqué comment, en cette circonstance, la fatalité de la situation couvrit L’anomalie de la forme.

Mais si, dans les deux hommes, la volonté, le jugement, la conception politique, l’alternative des succès et des revers, paraissent en tout semblables et par les mêmes causes, la parité des conjonctures est bien autrement frappante.

Les antagonistes de l’Empereur étaient, d’une part, l’aristocratie féodale, représentée par les émigrés, les prêtres et la coalition ; de l'autre l’aristocratie financière et mercantile, représentée par l’Angleterre. Ces deux aristocraties faisant cause commune et combinant leurs moyens, c’était une combinaison de moyens analogues que l’Em-