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terlitz, dès le jour où commence avec l’Angleterre cette dispute de prééminence, dans laquelle on voit Napoléon conduit, sans qu’il s’en aperçoive, par la raison d’état qu’il s’est faite, à une continuité de despotisme et de conquêtes évidemment absurde. Dans la guerre comme dans la politique, comme dans l’histoire, c’est la raison générale, raison des peuples et raison des choses, qui triomphe en définitive : Napoléon ne paraît point s’être douté que cette raison, dont l’intelligence fait seule les hommes d’état, fût d’une qualité autre que la sienne. Parce qu’il se trouvait, dans sa profession, plus de génie qu’à la plupart de ses contemporains, surtout de ceux que leur naissance avait fait princes, il crut que ce génie, très-spécial, suffirait pour lui assurer le triomphe toujours et partout. Il n’oubliait qu’une chose, d’ailleurs hors de sa portée et qu’il appelait lui-même son étoile, c’est-à-dire son mandat, déterminé d’avance, sans lui, sans aucune considération de sa personne, par les nécessités de l’histoire et la force des situations.

Ainsi, dès son départ pour l’Égypte, Bonaparte ne sait plus où va le siècle, et ce qui jusqu’à certain point l’excuse au yeux de la postérité, ses contemporains n’en savent pas plus que lui. Pour combattre l’Angleterre, nation mercantile et industrielle, Bonaparte ne connaît que la guerre : il s’en va, militairement, prendre sa rivale par-derrière, chercher un passage qui ne pouvait être obtenu qu’un demi siècle après lui, par la vapeur et les chemins de fer. Du premier coup, l’Anglais met à néant cette singulière stratégie, en détruisant les moyens de transport de Bonaparte, et l’enfermant