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fection générale de ses alliés, protégés et feudataires, la Prusse, l’Autriche, la Saxe, la Bavière, la Hollande, les villes hanséatiques, la confédération du Rhin, le Danemarck, la Suisse, l’Italie, où commande son beau-frère Murat qu’emporte le torrent, prouve qu’au moment même où il se flattait d’avoir réussi dans ses projets de concentration européenne, il avait au contraire complètement échoué ; que les peuples, autant que les rois, supportaient impatiemment et son joug, et sa protection, et sa médiation, et son alliance. Et le résultat, après douze ans de luttes, que les chantres de la Grèce et de l’Inde eussent regardées comme fabuleuses, c’est l’expulsion de l’homme, de sa famille, de sa dynastie, la réduction de la France à ses limites, telles qu’elles existaient au 1er janvier 1792 : les conquêtes de la république ne sont pas même conservées par Napoléon.

Maintenant pour expliquer cette chute profonde après une si brusque élévation, faut-il ressasser les raisons banales d’ambition et d’orgueil, l’incendie de Moscou, le froid de 25 degrés, les fausses manœuvres du chef, la trahison des peuples et des rois, accuser la France et l’Europe, ou bien outrager le héros ?

Tout cela est absurde.

Le principe de l’insuccès n’est point dans les accidents de la nature et de la guerre, pas plus que dans le crime et la lâcheté des hommes ; il est tout entier dans le faux des conceptions politiques. Napoléon luttait contre la raison des peuples appuyée sur la raison des choses : il était donc vaincu d’avance et infailliblement, vaincu, dis-je, non pas seulement après Moscou et Leipzig, mais dès Aus-