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quand elle voudra : elle trouvera les esprits préparés, la route ouverte, la charrue dans le sillon, le grelot au cou de la bête ; elle pourra joindre encore, comme en 1848, au mérite du radicalisme, celui de la modération et de la générosité.

Avec tout cela, il est impossible de se dissimuler :

Que dans les actes du 2 décembre la raison de l’homme, au lieu de se cacher sous la raison des choses, s’en distingue essentiellement, et tantôt lui obéit, tantôt se la subordonne.

Que cette tendance subjective prend sa source dans la manière dont le 2 décembre, à l’instar de la multitude qu’il représente, des légitimistes qui refusent le serment, et d’une fraction même des républicains, entend la délégation ;

Que le but où mène cette tendance, la signification qu’elle se donne, n’est autre, en dernière analyse, qu’elle-même, l’autorité pour l’autorité, l’art pour l’art, le plaisir de commander à 36 millions d'hommes, de faire servir leurs idées, leurs intérêts, leurs passions, tour à tour excités, à des vues fantaisistes, à peu près comme ces rois d’Égypte, qui consumaient vingt ans de règne, toutes les forces de la nation, à s’ériger un tombeau, et se croyaient immortels.

Ainsi le 2 décembre, né dans l’histoire des fautes des hommes et de la nécessité des temps, après avoir essayé quelques réformes utiles, s’abandonne, comme ses devanciers, à l’arbitraire de ses conceptions, et retombe, sans qu’il s’en doute peut-être, sans qu’il sache ni comment ni pourquoi, de la réalité sociale dans le vide personnel.