Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 10 —

eux au Président de la République, mes réflexion sur les causes qui ont amené les derniers événements, et sur les résultats que, selon moi, ils doivent produire ; et j’adjure sans honte Louis-Napoléon d’aviser au plus tôt, car, en vérité, et pour lui-même et pour nous, j’ose dire qu’il y a urgence !

Pour lui, d’abord. On dit que, semblable à l’Empereur, il a foi à son étoile. Si telle est sa superstition, loin de l’en railler, je l’en félicite. Point ne faut de lunettes pour la découvrir, cette étoile, ni d’une table de logarithmes pour en calculer la marche. On l’aperçoit à l’œil nu, et tout le monde peut dire où elle va.

Le 24 février 1848, une révolution renversait la monarchie constitutionnelle, et la remplaçait par une démocratie ; — le 2 décembre 1851, une autre révolution substitue à cette démocratie une présidence décennale ; — dans six mois peut-être une troisième révolution chassera cette présidence, et rétablira sur ses ruines la monarchie légitime.

Quel est le secret de cette péripétie ? les mêmes propositions, reproduites en d’autres termes, vont nous le révéler.

Ce que n’a su prévoir et préparer Louis-Philippe a perdu Louis-Philippe et amené la République ; — ce que n’ont osé entreprendre les républicains a perdu les républicains, et décidé le succès de Louis-Napoléon ; — ce que ne saura exécuter Louis-Napoléon le perdra à son tour, et il en sera de même de ses successeurs autant il s’en présentera, à supposer que le pays consente à payer indéfiniment les frais de ces vocations infidèles.

Ainsi, depuis 1848, et je pourrais remonter bien