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En ce moment où les passions se taisent, où la société est comme suspendue, il faut rendre justice aux penseurs qui depuis 89 ont posé les bases de toutes nos constitutions politiques. Ils avaient le sentiment profond de cette loi de convenance entre le pouvoir et son idée, quand ils disaient qu’un acte de gouvernement n’est pas bon parce qu’il est utile, mais parce qu’il est dans la mesure ; qu’en politique, ce qui fait la légitimité, ce n’est pas le profit, mais la compétence ; conséquemment que ce qu’il faut considérer surtout dans les actes du pouvoir est moins le fond que la forme ; que hors de là, la république est livrée à l’arbitraire, et la liberté perdue.

C’est d’après ces principes qu’ils avaient conçu la théorie du gouvernement représentatif.

Étant admise pour une société la nécessité d’une centralisation gouvernementale, la loi de cette centralisation est que le pouvoir y soit divisé et équilibré dans toutes ses parties. Ainsi l’Église sera séparée de l’état, par conséquent les fonctionnaires ecclésiastiques ne pourront faire partie ni des assemblées ni du ministère ; — l’exécutif sera distinct du législatif, en conséquence le roi n’aura pas de Veto ; — si la nation est partagée naturellement en deux classes, comme en Angleterre, il sera bien que chacune soit représentée : de là la théorie des deux chambres. — Tous les agents du pouvoir exécutif seront responsables, le chef excepté, parce que la responsabilité de celui-ci le soumettant à l’autre pouvoir, ramènerait l’indivision.

Le progrès étant la loi de toute société, et la sécurité du peuple interdisant au pouvoir les aventures, les ministres, représentants du principe conservateur,