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les conditions et posé les bornes de son pouvoir, par une constitution. Comme s’il avait dit au pays : « la France a une révolution à opérer, révolution qui, dans l’état de division des esprits, ne peut sortir régulièrement d’une assemblée, et qui exige, pour toute une génération peut-être, le commandement d’un seul. Cette révolution, j’en assume le fardeau , avec l’agrément du peuple, et voici quelles seront mes attributions. »

En fait et en droit, la constitution du 15 janvier n’est pas autre chose que ce pacte.

De même donc que je comprends la raison d’état, que cependant je voudrais tenir muselée, je comprends aussi la dictature, que je n’aime point, malgré les exemples qu’en fournit l’histoire. Et puisqu’ainsi l’a voulu en 1851 le suffrage universel, je n’ai rien à objecter, au fond, contre la constitution du 15 janvier : mes observations sont de pure forme.

Je me demande pourquoi la constitution du 15 janvier, ayant à organiser un pouvoir dictatorial, essentiellement transitoire, statue comme si ce pouvoir était définitif ; pourquoi son objet étant exclusivement révolutionnaire, elle affecte une compréhension générale ; pourquoi elle ne définit rien, ni sur les reformes à opérer, ni sur les institutions à introduire, ni sur les rapports du pays avec l’étranger, ses limites, ses colonies, son commerce, ni sur l’ensemble des moyens que réclame l’accomplissement d’un tel mandat ? Quand Camille fut revêtu de la dictature, c’était pour chasser les Gaulois ; quand Fabius y parvint à son tour, c'était pour arrêter Annibal ; quand César lui-même fut nommé dictateur à vie, le motif, au moins apparent, était