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3. Actes du 2 décembre concernant les institutions politiques : Presse, Serment.


Le mandat de Louis-Napoléon a pour objet de procurer la révolution ou la contre-révolution : je ne crois pas que l’on conteste l’alternative. Dans l’un et l’autre cas, son pouvoir, obtenu et organisé en vue de ce mandat, est dictatorial : ce n’est pas le contrôle, tel quel, du conseil d’état ou du corps législatif, qui pourrait infirmer celle seconde proposition.

J’appelle dictature le pouvoir conféré par le peuple à à un seul homme pour l'exécution, non pas des projets particuliers de cet homme, mais de ce que commande au nom du salut public la nécessité. Ainsi le pouvoir dictatorial, illimité quant aux moyens, est quant à son objet essentiellement spécial : tout ce qui est en dehors de cet objet est soustrait par la même à l’autorité du dictateur, dont les pouvoirs cessent aussitôt qu’il a rempli sa mission.

J’ai dit déjà combien me répugnait la dictature, si familière aux Romains, et dont l’abus engendra, à la fin, l'autocratie césarienne. Je la considère comme une institution théocralique et barbare, menaçante, dans tous les cas, pour la liberté ; à plus forte raison la repoussé-je, lorsque la délégation qu’elle suppose est indéfinie dans son objet et illimitée dans sa durée. La dictature alors n’est plus pour moi que la tyrannie : je ne la discute pas, je la hais, et si l’occasion se présente, je l’assassine...

Louis-Napoléon, je le veux bien, en prenant la dictature, n’a point voulu de la tyrannie. Il a réglé