Page:Proudhon - La Révolution sociale démontrée par le coup d’État du 2 décembre.djvu/155

Cette page n’a pas encore été corrigée

commerçants admis à la Banque gagnent 1 pour 0/0 sur leurs escomptes, mais le portefeuille se dégarnit de jour en jour ; car, ce n’est pas tout de circuler, il faut d’abord produire, et le crédit, facile pour l’escompte, est inaccessible à la production ; — le principe de l’annuité a été posé en contradiction de l’intérêt, mais sans possibilité d’application sérieuse. Tout cela est du bon plaisir, plus ou moins judicieux, estimable : ce n’est pas de la législation, ce n’est pas du gouvernement.

Je ne dirai qu’un mot du développement considérable donné aux travaux publics. Au point de vue de la circonstance, et comme satisfaction donnée aux travailleurs, les travaux de chemins de fer, d’embellissement de la capitale, etc., ne peuvent soulever de blâme. Que le gouvernement provisoire n’en a-t-il usé de même ! Engager les finances, dans des cas pareils, non-seulement est de bonne politique, c’est de nécessité. Toutefois je ne saurais m’empêcher d’observer que les travaux d’état, pour la plupart travaux de luxe et de progrès, et ce qui vaut moins instruments de popularité, doivent venir comme complément, jamais comme initiation du travail général. Il n’y a qu’un Méhémet-Ali qui puisse à commandement faire travailler ses sujets : en France, le travail, comme l’appréciation des actes du pouvoir, est libre. Aussi, malgré les provocations de l’Élysée, et grâce au décousu des décrets de finance, l’exemple du gouvernement est médiocrement suivi ; tandis qu’il se lance dans les entreprises, les producteurs, qui ne voient ni plan ni issue, travaillent exclusivement sur commandes, et la nation vit au jour le jour !...