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use en acceptant à son tour celle de la nécessité ; et il n’aura rien à craindre des jugements de l’histoire, pas plus que des complots. Quand la raison d’état n’est plus que la raison des choses, l’état, quelle que soit sa constitution, est aussi souverain que libre, et les citoyens sont comme lui.

Ces principes, de vraie politique, l’Elysée les a entièrement méconnus, par esprit de tyrannie ? non, par esprit de compagnonnage. En même temps qu’il réduisait le taux de l’escompte, il prorogeait le privilège de la Banque et laissait subsister l’obligation des trois signatures ; en même temps qu’il diminuait la rente, d’une fraction qu’il eût été permis de regarder simplement comme un impôt, il offrait le remboursement, en prenant sous main ses mesures pour que la volonté d’être remboursé ne vînt à personne ; en même temps qu’il organisait les sociétés de crédit, il les laissait, par ce même respect du privilège, dans des conditions telles que des emprunteurs sérieux auront encore moins envie d’y chercher des fonds, que les prêteurs d’y porter leurs capitaux. En effet, au delà d’un intérêt de 2 1/2 à 3 pour 0/0 et d’une commission de 1/4, le remboursement par annuités est plus onéreux que l’intérêt à 5 avec faculté de se libérer à volonté : l’institution est impraticable.

En résultat, les réformes financières du 2 décembre, conçues d’après des considérations toutes personnelles, des convenances corporatives, des transactions arbitraires, n’ont point produit ce qu’on en espérait. Le fisc gagne 18 millions sur la rente ; mais cela n’empêche pas le déficit prévu au 1er janvier 1853 d’être de 720 millions ; — les