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vertir la rente et d’organiser le crédit foncier, la première chose qu’il eût à faire, avant d’arrêter le chiffre des réductions, c’était de chercher le rapport des différentes valeurs entre elles, afin d’opérer ensuite de manière à obtenir un résultat voulu. Par exemple, voulait-on faire refluer les capitaux, qui affluent à la bourse, vers le commerce et l’industrie ? il fallait peser davantage sur la rente, de manière à offrir aux capitalistes l'appât d’un revenu plus fort sur la commandite que sur la dette. C’est le contraire qui a eu lieu : ici j’ai le droit de demander pourquoi ?

Les sociétés de crédit foncier ont été autorisées, les hases de leur constitution établies. Mais autre chose est d’autoriser le crédit, autre chose de donner crédit. Le décret du 28 février a ouvert l’écluse sans doute, mais le canal est à sec. Comment n’at-on pas vu que pour amener les capitaux aux sociétés de crédit foncier, il fallait les expulser de la bourse, mieux que cela, décréter la réduction de l’intérêt sur toutes créances hypothécaires, et du même coup proroger de 2 à 5 ans tous les remboursements ?

On dira peut être que c’était attenter à la foi des contrats et à la propriété. Nous ne nous entendons plus. Est-ce que Louis-Napoléon, après le 2 décembre, n’était pas revêtu de la dictature, de toute l’autorité législative et exécutive, ainsi que l’a démontré M. Granier de Cassagnac ? Est-ce que, pouvant abroger ou ressusciter la loi, il ne pouvait pas aussi la faire ? Est-ce qu’il n’a pas usé de ce pouvoir pour la saisie des biens d’Orléans, la déclaration de l’état de siège, la suspension de la liberté individuelle, la réforme de la constitution, l’en-