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les plus intimes et les plus chères, si je blâmais soit le principe, soit le but ou l’opportunité de ces décrets. J’aime mieux m’y associer et réclamer ma part d’initiative, autant qu’il est permis à un citoyen dont les idées, longtemps controversées, finissent par obtenir, peu ou prou, la sanction du public et du gouvernement.

Je n’incidenterai pas davantage sur la quotité des réductions. — Pourquoi, demandera-t-on, n’avoir pas réduit tout de suite le taux de l’escompte à 2 ou 1 pour 0/0 ? L’encaisse de 600 millions représenté par pareille somme de billets circulants n’est-il pas propriété nationale ? la nation a-t-elle besoin de payer, pour ses propres fonds, un intérêt aux actionnaires de la Banque ?... Et la conversion de la rente : pourquoi, au lieu de la faire en 4 1/2, ne l’a-t-on pas faite en 4, voire même en 3 ?...

Ces critiques, si fondées qu’elles puissent être, manqueraient ici de justesse. On peut regretter la modération du législateur, qui n’a pas répondu à l’impatience de la révolution, et sert incomplètement les intérêts généraux. Mais il peut répondre qu’il préfère les progrès lents aux mesures radicales, et la chose ainsi ramenée à une question de mesure, sur laquelle le gouvernement a le droit de suivre son opinion, il n’y a rien à répliquer.

Ce que je reproche aux décrets concernant l’escompte, la rente et le crédit foncier, c’est leur incohérence, c’est le défaut de coordination qui s’y fait sentir, et qui trahit encore, dans le 2 décembre, des préoccupations toutes subjectives.

Puisque le gouvernement avait l’intention, très-louable assurément, de réduire l’escompte, de con-