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gens de loi, savants, propriétaires, qu’a frappés la terreur décembriste ? non. Il a donc laissé faire : pourquoi ? Que signifie cette contredanse où la révolution est invoquée comme principe et moyen, et le personnel révolutionnaire proscrit ; où le principe dynastique est nié, et les partisans des dynasties pris pour conseils et auxiliaires ?...

A Dieu ne plaise que je vienne semer dans ma patrie de nouveaux ferments de haine. Mais comment parviendrons-nous à rétablir la concorde, sans laquelle il n’y aura jamais pour nous de liberté, si nous n’apprenons à connaître la mécanique fatale qui nous arme les uns contre les autres, et nous pousse à nous exterminer ? Ce sont les terrorisés de 52 qui sont devenus tout à coup, en 51, terroristes ; c’est Bourbon, c’est Orléans, qui, tandis que Louis-Napoléon les jetait à Paris par les fenêtres, prêtaient main-forte dans les départements à ses soldats. Ce sont les hommes des vieilles monarchies, qui dès avant le 10 décembre 1848 remplissant les administrations, les tribunaux, les états-majors, propriétaires, capitalistes, grands entrepreneurs, effrayés des menaces de quelques fous, tremblant pour leurs fortunes et pour leurs vies, ont dirigé les arrestations, les perquisitions, les exécutions, et décidé, par l’emportement de leur égoïsme, la victoire du coup d’état contre leurs propres chefs.

Maintenant quelle est la situation ? Louis-Napoléon se flatte d’avoir détruit les partis dynastiques en prenant leur place et ruinant leurs princes : ces partis de leur côté considèrent comme un succès d’avoir obtenu de l’Elysée, pour part de