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ostensible, et toute profession d’incrédulité, manifeste ou tacite, sera poursuivie comme outrage à la religion et scandale pour les mœurs. Il serait étrange que l’étourderie d’un Labarre fût punie du supplice, tandis qu’il n’y aurait que des récompenses pour les écrits d’un Dupuis et d’un Volney ! L’inquisition qui déjà plane, invisible, sur la librairie, arrêtera dans son essor toute philosophie. En vertu du principe que l’enfant appartient à l’Eglise avant d’être à la famille, elle s’immiscera dans le ménage, s’assiéra au foyer domestique, surprendra le secret du père mécréant, qu’elle dénoncera ensuite, comme traître à son Dieu, à sa patrie, à ses enfants, et livrera au bras séculier. Ces jours de triomphe pour l’Eglise ne sont pas si éloignés, peut-être. Ne possède-t-elle pas l’instruction publique, avec laquelle elle se propose de refaire la génération ? N’a-t-il pas été question de rendre obligatoire la sanctification du dimanche ? Et qui m’assurerait que dans l’immense razzia qui a suivi le 2 décembre, le crime d’indévotion n’a pas été pour beaucoup de citoyens la cause première de la transportation et du bannissement ?...

Eh bien ! que le pouvoir, que l’Eglise recueillent ici ma profession de foi.

Je m’en tiens aux principes de 1789, garantis par la constitution du 15 janvier. J’ai rompu, depuis la guerre de Rome, pour moi et pour les miens, avec l’Eglise ; et je proclame bien haut mon libre arbitre. Que le prêtre prodigue ses services à ces êtres infortunés, voisins encore de la brute, vicieux par l’excès de leur nature animale, qui pour pratiquer la justice ont besoin d’une