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tuées à celles de la nation. Mais, comme dit le proverbe, un mal n’arrive jamais seul, et voici qui est bien autrement inquiétant pour nous. Avec l’Eglise, il n’est point d’équilibre : le 2 décembre sera poussé plus loin qu’il n’a voulu. Il n’est pas dans le caractère de l’Eglise de souffrir des bornes à son apostolat ; elle n’accepte point de partage ; elle veut tout, demandez à l’Univers. Le droit d’inspection, entre autres, la blesse profondément. Par ce droit, en effet, elle est constituée en dépendance de l’état ; l’autorité divine, dont elle se prévaut, la révélation, les écritures, les conciles, tout cela est nié. A peine relevée par le bras séculier, l’Eglise aspire donc à le dominer ; l’antagonisme des deux puissances, spirituelle et temporelle, recommence : on peut prévoir ce qui en sortira.

Supposons à l'établissement actuel une certaine durée. De deux choses l’une : ou bien il se rapprochera de la démocratie, et rentrera dans le mouvement révolutionnaire, dont le premier acte sera d’effacer des institutions du pays le catholicisme ; ou bien il persistera dans son système d’initiative, et dans ce cas, n’ayant que l’Eglise, avec l’armée, à opposer à l’action hostile des partis, il sera conduit de concession en concession à sacrifier à son alliée tout ce qui reste des libertés maintenues par la constitution.

Alors retentira de nouveau contre l’Eglise le cri de Voltaire, Écrasez l'infâme !... Alors aussi le clergé répondra aux libres penseurs par des représailles d’intolérance ; les égards, de simple convenance, que la loi recommande en faveur des cultes, se changeront en une obligation de pratique