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L’empire, il ne sert à rien de le nier, se laisse voir dans le train de maison, dans le style et l’étiquette de l’Elysée. Il apparaît dans la restauration des emblèmes, l’imitation du formulaire, la commémoration des idées, l’imitation des moyens, l’ambition plus ou moins déguisée du titre. Mais tout cela accuse plutôt un souvenir qu’un principe, une velléité qu’une spontanéité. Nous cherchons, on nous montre le symbole. L’empire serait proclamé demain, que je demanderais encore, comment, et en vertu de quoi l’empire existe, d’autant plus que rétablir un nom, ce n’est pas refaire une chose. Que Louis-Napoléon se fasse couronner un 2 décembre, des mains du Pape, dans l’église Notre-Dame : il ne sera pas plus l’empereur que Charlemagne acclamé en 800 par le peuple romain, ne fut césar. Entre Napoléon empereur, et Louis-Napoléon président de la République, il s’est passé trop de choses pour que celui-ci devienne le continuateur pur et simple de celui-là. De même qu’il n’y eut rien de commun entre le premier et le second empire romain, il n'y aurait non plus rien de commun entre le premier et le second empire français, rien, dis-je, si ce n’est peut-être le despotisme : or, c’est justement de ce despotisme que nous demanderions à voir, dans les conditions de l’époque, l’origine, la raison.

Les impulsions auxquelles obéit le 2 décembre, qui constituent ce que j’appellerai sa raison ou volonté propre, par opposition à sa raison historique, ont toutes leur point de départ dans la manière dont il entend la délégation.