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caractérise le siècle, que traitent-ils avec le plus de prédilection dans leurs mandements ? la politique. Il est vrai que c’est pour le bien de la chose, et l’intention justifie tout ; mais il ne tient qu’aux ouailles de réfléchir à leur tour sur les instructions de leurs pasteurs ! Et nos graves magistrats, comment se dédommagent-ils, dans leurs mercuriales, des longs et fastidieux ennuis de la judicature ? en dissertant de politique. Eux aussi se croient obligés d’apporter au système le contingent de leurs observations ! Pas une leçon donnée au peuple, avec l’assentiment de l’autorité, qui ne soit le développement d’une thèse politique. Bourgeois qui faisiez si bon marché du gouvernement, pourvu qu’il vous donnât l’ordre matériel, la sécurité de la rue, savez-vous pourquoi la confiance ne vous revient pas ? c’est que tous tant que vous êtes, et pour une infinité de raisons, toutes plus décisives les unes que les autres, vous ne pouvez vous empêcher de parler politique. La politique, en effet, dans cet ambigu où vous vivez depuis 1830, est l’alpha et l’oméga de toutes vos spéculations, de tous vos intérêts, de toutes vos idées. Ce n’est pas Robespierre ou Rousseau qui vous dit cela : c’est la nécessité des choses, l’économie inéluctable de la société. Vous êtes, bon gré mal gré, des hommes politiques ; qui pis est, vous êtes de l’opposition. Homme de lettres, vous vous proposez d’écrire l’histoire ? prenez garde, ce sera un traité de politique. Économiste, vous examinez les sources de l’impôt, la composition du budget, le prix de revient d’un soldat, le morcellement de la propriété, l’influence de la protection sur la circulation, etc. ? vous aurez beau danser sur la corde raide des dis-