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sement de cette faculté religieuse, dont je vous parle ; faculté toute humaine, qui n’est point la religion, qui est la condition psychique de la religion, comme l’œil est la condition physique, c’est-à-dire l’organe de la vue, comme le nez est l’organe de l’odorat. Cette faculté, que la critique de Voltaire n’avait point entièrement atrophiée, que Rousseau et les romantiques ont irritée ensuite, s’est fait ressentir de nouveau en 1848, à l’occasion du socialisme, à peu près comme, sous certaines influences atmosphériques, l’individu mutilé éprouve une sensation à l’extrémité du membre qu’il a perdu. Une politique religionnaire, qui ne croit point à elle-même, profite de ce hoquet de mysticisme pour évoquer la foi antique, et se faire un auxiliaire de l’Église, alors que l’Église est déjà tombée pour notre peuple sous l’horizon. Des prêtres, que l’abjection du sanctuaire humilie, que l’abaissement de la foi déconcerte, se prêtent à cette politique sacrilège, affectent un haut patronage sur l’état, s’immiscent dans les affaires des communes, se flattent de ressusciter par l’éducation une chrétienté morte de mort naturelle. Cette exhibition macabre ne saurait faire illusion à personne, aux vrais chrétiens encore moins qu’aux indifférents. La dignité de l’Église, l’honneur et la sécurité du sacerdoce, ne peuvent que s’y compromettre. Ici, il n’est plus question de foi, il ne s’agit que de psychologie.

La propagande des encyclopédistes avait desséché les sources de la foi. Survient une révolution, qui dépouille l’Église, dès longtemps feudataire de l'état, de ses propriétés, supprime les couvents,