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mordre le diamant ?... De nos jours, certains empiriques ont voulu rendre à ce dogme ce qu’ils nomment sa vitalité ; ils sont allés jusqu’à dire que le christianisme est la religion du progrès. Une telle proposition était ce qu’on peut imaginer de plus absurde en théologie. L’Eglise n’a donné aucune approbation à cette école : la pensée de M. de Maistre a décidément prévalu. Que l’humanité tourne, tourne, emportée dans sa civilisation interminable ! le christianisme s’affirme comme infini, éternel, immuable, absolu ; il ne peut avoir d’autre raison que son absolutisme, d’autre vie que son éternité. Ce que demande le christianisme, s’il est permis de supposer que l’homme se retirant Dieu le cherche, c’est que la hiérarchie ecclésiastique soit rétablie, au spirituel et au temporel, sur le plan de Grégoire VII ; ce qu’il exige, c’est que toute philosophie, à peine d’anathème, se renferme dans la limite des prescriptions tridentines ; ce qu’il se propose, ce n’est pas de suivre l’humanité dans ses joyeuses aventures, mais de la fixer, dans la cendre et le cilice, au pied de son monument.

Que l’humanité, comète égarée, revienne un jour à son soleil, et se fixe sur lui dans une orbite régulière, c’est ce que nous devons désirer tous, mais ce dont rien ne nous garantit la certitude. Bien au contraire, l’humanité parait, en vertu de sa nature propre, s’éloigner de plus en plus, et le christianisme mourir progressivement a ses regards ; et tandis que le prêtre, les yeux ouverts par la théologie, le contemple dans sa splendeur et son immensité, il n’apparaît plus au vulgaire, à travers