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tre au temps où nous vivons qu’un accroissement de cette capacité, depuis l’époque où parut Notre-Seigneur jusqu’à celle où l’Eglise manifesta sa puissance par les croisades. Le concert divin, que Pythagore déjà croyait entendre, n’a pas cessé ; l'Hosanna éternel ne s’est pas affaibli : c’est nous qui, après avoir été un instant guéris de notre surdité, reperdons l’ouïe spirituelle. Tout passe donc, en autres termes, l’humanité change sans cesse : l'ordre de Dieu est immuable.

Du coté de la doctrine, même évolution de l’esprit humain, et pour la destinée de la religion, même résultat.

Le dogme chrétien, obscur, indécis, contradictoire même dans les écrits des apôtres, se dégage peu à peu des nuages amoncelés par les sectes d’Orient et les philosophes convertis. À Nicée, il obtient sa première constitution. Pendant plus de mille ans encore, il se développe, il s’épure, c’est-à-dire que l’Univers chrétien le conçoit de mieux en mieux dans la plénitude de son essence, à travers les hérésies continuelles, les schismes, et l’antichristianisme de Mahomet. La philosophie d’Aristote, si fort en vogue au moyen âge, fut un des instruments dont se servit la Providence pour produire en nous cette glorieuse intuition. Enfin, au concile de Trente, la vérité resplendit de tous ses rayons : alors, malgré la protestation de Luther, on peut dire que la foi, sous le rapport de la connaissance, fut complète.

A dater aussi de cette mémorable assemblée, l’attitude de l’Église devient toute négative. Elle n’avait plus rien a donner, en fait de dogme, à ses