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rique, et sans remonter le cours des siècles, revenir à la source de tout gouvernement, laquelle se retrouve au fond de toutes les traditions, et qui constitue la destinée générale ?...

A cette objection, on a reconnu la doctrine ultramontaine. Au fond, c’est la négation du progrès, et la calomnie du genre humain. C’est aussi toute la science des jésuites, ennemis jurés de la raison, falsificateurs de l’histoire, fauteurs de mauvaises mœurs, par principe de religion. A les en croire, il n’y aurait de légitime, dans les annales de l’humanité, que la période comprise entre l’an 1073, date de l’avènement de Grégoire VII, et l’an 1309, date de la translation du Saint-Siège à Avignon. Encore s’en faut-il que cette période, pleine de révoltes, et de la part des princes, et de la part des peuples, contre l’autorité des Papes, soit aux yeux des jésuites entièrement irréprochable. A plus forte raison tout le reste, avant et après, doit-il être considéré, suivant la parole de M. Donoso-Cortès, comme réprouvé. L’Eglise, jusqu’à Charlemagne destituée de puissance temporelle, réprobation. L’Eglise feudataire des empereurs, réprobation. L’Eglise, séparée de l’état, réprobation, L’Eglise, enfin, salariée de l’état, menacée de perdre encore, avec la propriété, le salaire, réprobation, abomination de la désolation. Ce que veulent les jésuites, c’est L’Eglise dominant l’état, l’Eglise férulant les rois et les peuples, dispensant les droits et les devoirs, le travail et la récompense, le plaisir et l’amour. C’est en cela que consistent, suivant eux, pour les nations, la vérité, la justice et la paix. A cette condition seulement la société rentrera dans l’ordre,