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homme piqué d’amour, consent à lui faire le sacrifice d’une journée de son temps, a parfaitement le droit, dirait J.-B. Say, de recevoir en échange un dédommagement. Elle en a d’autant plus le droit que la femme, par l’exercice de la fonction amoureuse, se détériore insensiblement et se dégrade. Il n’y a pas, il ne peut y avoir d’amour gratuit, entendez-vous? si ce n’est celui qui s’abdique, au nom de la conscience, dans le mariage. Donc, ou le mariage, par lequel les amants s’unissent pour toujours, selon la loi du dévouement et dans une sphère plus haute que l’amour, ou la rémunération : point de milieu. Est-ce que les émancipées, qui vivent en concubinat, auraient la prétention de se donner pour rien, par hasard ? Tout au moins elles ont reçu le plaisir, et la preuve, c’est que du moment où la chose ne leur plaît plus, elles se sont réservé de se reprendre. L’amoureuse qui se donne pour rien est un phénix qui n’a d’existence que chez les poètes ; par cela même qu’elle se donne (hors mariage), elle est libertine, elle est prostituée ; elle le sait si bien que si, plus tard, elle trouve à se marier, elle se présentera comme veuve; elle mentira ; à l’impudicité elle joindra l’hypocrisie et la perfidie.