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hommes, qui leur fait perdre, avec la réserve, la timidité, la diligence, la qualité essentielle du sexe, celle qui fait l’âme et la vie de l’honnête femme, la pudeur. Parent Duchâtelet aurait pu ajouter que la figure de ces femmes s’altère dans le même sens que leurs mœurs : elles se déforment, prennent le regard, la voix et l’allure des hommes, et ne conservent de leur sexe, au physique comme au moral, que le gros matériel, le strict nécessaire.

— Qu’y a-t-il de commun, allez-vous me dire, entre nous et ces prostituées ?

Je vous demanderai d’abord, mesdames, ce que signifie dans votre bouche le mot de prostituée? Remarquez que ces femmes ne font, après tout, qu’exercer l’amour libre ; que, si plus d’une a débuté par une séduction, la masse y est portée par élection ; que même, au point de vue de la démocratie amoureuse, elles font acte de philanthropie et de charité, ainsi que l’entendaient les Gnostiques ; que du reste, et toujours d’après vos maximes, la délectation érotique n’a rien en soi d’immoral, qu’elle est licite autant que naturelle, qu’elle forme le plus grand bien et la plus grande part de l’humanité, et qu’en conséquence une jolie femme qui, pour le bonheur d’un