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que suppose actuellement le mariage. L’homme ne serait pas dévoué à la beauté qu’il posséderait ; la femme ne se dévouerait pas davantage à la force, qui lui aurait été également dévolue en partage. L’influence qu’ils exercent, dans l’état présent de leur constitution l’un sur l’autre, ne serait plus la même : il n’y aurait entre eux ni admiration, ni culte, aucune inclination dévotieuse; nul besoin d’approbation, de confidence, ou d’encouragement, pas plus que de protection, de service ou d’appui. Les choses redeviendraient entre l’homme et la femme ce que nous les voyons entre personnes de même sexe : service pour service, produit pour produit, idée pour idée. Sans doute il y aura de l’amour, puisque nous conservons, dans ce but exprès, la distinction sexuelle. Mais ils seront affectés d’une autre manière : leur amour n’ira pas au delà de l’excitation voluptueuse ; il n’aura rien de commun avec la conscience qu’il primera ; n’étant pas transformé par le dévouement le plus absolu, il ne tendra pas à la monogamie et à l’indissolubilité. Il se tiendra dans la zone de la liberté et du concubinat, n’éveillant aucune jalousie, excluant toute idée d’infidélité, s’exaltant au contraire par l’émulation des bonnes fortunes ; en sorte que la ten-