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aisées à déduire. Là où le dévouement est partagé, il cesse d’être. Une femme soi-disant dévouée à plusieurs amants n’est, en réalité, dévouée à aucun ; un homme soi-disant dévoué à plusieurs maîtresses n’est, en réalité, dévoué à aucune. Et non-seulement par cette polygamie le dévouement est anéanti, l’homme et la femme sont amoindris dans leur dignité. L’homme est personnel, volontaire, impérieux, exclusif ; il fait de sa femme son confident, son confesseur, le dépositaire de sa fortune et de ses besoins, l’oracle de sa conscience. Partager l’amour de sa femme ce serait sacrifier son honneur et son amour même. De son côté, la femme n’a de valeur que, par la chasteté ; sa gloire est dans la fidélité de son mari ; comment, en perdant l’une, s’exposerait-elle à perdre aussi l’autre ? Les époux sont l’un pour l’autre des représentants de la divinité ; leur union fait leur religion : toute polygamie est un polythéisme, une idée contradictoire, une chose impossible.

2° L’exclusion en amour entraîne la séparation des ménages, sans laquelle l’intimité conjugale serait à chaque instant violée, exposée à la honte et à la trahison. La monogamie admise, personne ne niera cette conséquence, la commu-