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DE LA PORNOCRATIE

ses moments perdus, comme une autre eût fait de la tapisserie ; elle sentait d’ailleurs que, si peu d’hommes eussent été capables de pareille besogne, aucune femme, en revanche, n’eut suppléé Laplace ou Newton.

C’est beaucoup d’avoir su vaincre, disait Napoléon ; le grand point est de savoir user de la victoire. Eh bien, c’est la femme qui use de la victoire de l’homme, et qui tire parti de ses conquêtes. À lui le travail de la production économique et philosophique ; à elle l’art de la jouissance. Seul il ne sait pas user ; ce qu’il acquiert par la force s’en va, sans la femme, en dissipation. En quoi l’une de ces attributions est-elle moins digne que l’autre ?

Que l’homme exerce son corps et son esprit tant qu’il voudra, qu’il entasse découverte sur découverte, création sur création, chef-d’oeuvre sur chef-d’oeuvre, il ne parviendra pas, quel que soit son développement, à changer sa nature ni à travestir son caractère. La force restera son attribut essentiel ; il ne deviendra pas un joli minois pour le corps, ni un sylphe pour l’intelligence. Il le deviendra d’autant moins qu’il se sera donné plus de peine dans son corps et dans sa pensée.