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naissez, vous en niez la réalité collective, parce que votre intellect ne saisit pas les existences collectives ; et vous faites de ce couple une mécanique amoureuse.

Vous repoussez l’indissolubilité du mariage, c’est tout simple. Le mariage, exprimant, selon moi, la charte primitive de la conscience, doit être indissoluble, parce que la conscience est immuable. Les vœux sont une symbolique du mariage, l’homme, se saisissant lui-même, n’a plus que faire du symbole. Selon vous, au contraire, la justice n’est qu’un rapport variable ; elle est subordonnée à l’idéal, lequel lui-même est variable ; d’autre part, le mariage, ou plus simplement l’union des sexes, est l’organe de l’amour, l’idéal par excellence et le plus puissant, mais toujours variable, susceptible de plus et de moins. Comment accorderiez-vous cette indissolubilité ? — À ce propos, vous faites cet étrange raisonnement : l’État a aboli les vœux perpétuels. Or, le mariage indissoluble est un voeu perpétuel, que chacun peut faire à sa guise, mais que l’État ne doit plus recevoir. Et vous ne voyez pas que les vœux perpétuels, en religion, ont été institués à l’exemple du mariage, qui est perpétuel !

Vous rejetez la famille, c’est tout simple encore.